Prélude
J’avais vraiment à cœur de faire du wwoofing en Argentine pour apprendre la permaculture. Et enfin j’y suis ! Enfin j’y étais car après une dizaine de jours à Eco Sur Argentina, direction Valparaiso au Chili avec ma petite Belge.
le débarquement
Je me suis donc retrouvée un lundi après-midi à la gare de General Alvear où j’ai retrouvé Esteban, le créateur du lieu, et 3 autres volontaires. On rejoint la voiture qui, on l’apprendra par la suite, ne démarre qu’à condition de connecter certains fils entre eux et de se faire pousser par une dizaine de personnes. Honnêtement, même au Pérou on n’avait pas vu de voitures comme ça !
Bref, on arrive enfin au très très très grand domaine d’Eco Sur pour découvrir la maison et les 3 autres volontaires déjà installés depuis quelques jours. Bon OK, ce n’est pas un 5 étoiles, c’est plutôt un camp de Rom. Mais on a l’eau chaude et du wifi donc on va survivre ! Après un grand ménage on se sent déjà mieux.
En faisant le tour du propriétaire, on découvre Earthship (chercher info), maison construite par 200 volontaires en 1 an, 1 mois et 1 jour.
Deux autres maisons sont en cours de construction et des terrains dont à vendre On arrive à la rivière et Dylan saute dedans sans prévenir comme ça tout habillé. Ce n’est qu’un extrait de sa folie.
Pendant les semaines à venir, il faut avancer la maison de Florian, travailler aux finitions du Earthship, construire le système d’irrigation pour alimenter la maison en eau et planter les premiers plants de légumes dans le potager en respectant les principes de la permaculture. Tout cela n’est qu’une infime partie du projet.
Le projet Eco Sur
Esteban est Argentin. Il travaillait dans la silicon Valley. Un bon job, de l’argent et voilà. Il a décidé de revenir en Argentine et de créer un eco-village sur un terrain fertile et encore vierge de toute culture dans la région de Mendoza.
L’idée est d’offrir un environnement où les gens peuvent vivre en harmonie avec la nature.
Les maisons seront construites selon le concept « Earthship » développé par l’architecte Mickaël Reynolds. Les maisons sont fabriquées à base de matériaux naturels et recyclés, elles produisent leur propre énergie et peuvent réutilisés jusqu’à 3 fois l’eau de pluie. L’auto-suffisance est possible grâce à un potager qui suit les principes de la permaculture.
Concrètement j’ai fait quoi ?
j’ai transporté des brouettes de terre pour la construction du système d’irrigation
- J’ai arrosé les babies plantes
- J’ai planté les mêmes babies plantes
- J’ai fabriqué une substance à base de terre, de bouse et d’huile de lin
- J’ai étalé cette même super substance sur les murs du Earthship pour l’imperméabilité
- J’ai piétiné pieds nus dans la boue
- J’ai planté des arbres
- J’ai préparé les terrains pour le jardin en permaculture
- J’ai coupé de la bouse de vache séchée à la machette. Eh ouai.
C’est dingue comme à 11 on avançait vite.
Mais 11, c’est beaucoup pour vivre ensemble.
La vie à 11 dans une seule pièce
C’est qui les 11 ?
- Fatima & Mike de Londres, les futurs mariés et le plus cute couple du monde
- Charly de Washington DC qui adore la France et veut apprendre le français en commençant par les gros mots
- Brooke de Londres, la jolie cuisinière qui a bu trop de whisky la 1ere soirée
- Joris de Belgique, le grand blond qui fabrique des toilettes
- Dylan de Melbourne, le kangourou au rire impossible qui fabrique du thé toxique et fume l’eucalyptus
- Vivi de Berlin, la petite jeune qui ne tient pas encore très bien l’alcool et se fait piquer à l’oeil par un moustique
- Ruby d’Australie, la musicienne qui adore sortir sous la pluie
- Clara, ma belge préférée qui adore les chats et déteste les araignées, surtout celle dans la douche.
- Et Florian du nord de l’Allemagne qui a décidé de construire sa maison ici et de revenir à l’état de nature.
Et donc la vie à 11…
C’est par exemple être dans son lit et regarder Joris couper du bois à la hache à 2 mètres tout droit pendant que Fatima coupe des oignons à 3 mètres en oblique et que Charly prend sa douche un peu plus loin à gauche. Alors on ne peut pas vraiment parler d’intimité.
Mais à côté de ça, on vit des moments super ! On fabrique 8kg de pâte pour faire des Empenadas et les manger à 3h du mat’ parce que ça met vraiment du temps de les fabriquer et de les faire cuire. On fait des barbecue le dimanche avec la sauce chirichimi, une sauce improbable. On en a marre de manger du porridge qui brûlé quasi systématiquement. Par contre, on aime bien le pain perdu et les arrancinis de folie de Fatima et les pommes de terre au four de Brooke qui a mis 50 ans à les faire.
Fort heureusement pour nous faire patienter, on avait du vin. Du vin rouge, ni bon ni mauvais mais qui nous permettait de passer des bien bonnes soirées autour de jeux, de guitares, de combats de chaussettes et autres joyeusetés.
Et souvent on buvait du thé. Au citron, au gimgembre ou aux plantes toxiques selon ce qu’on avait sous la main.
Je n’oublierai pas de parler des joies de l’eau.
- tu branches la prise pour la chose qui pompe l’eau.
- tu vas vérifier dehors que ça pompe bien
- Si ça ne pompe pas bien, tu pompes toi même pour lancer le truc
- tu rentres et tu attends une demie heure dans un boucan d’enfer que l’eau soit là
- tu tournes le robinet pour remplir le réservoir de la douche
- tu branches la prise pour chauffer l’eau de la douche
- tu attends 15 minutes que l’eau chauffe
- tu as attendu en fait 25 minutes pour être sûr d’avoir de l’eau et en fait elle est brûlante et tu galères à te laver !!
Sinon il a plu non stop pendant 2 jours. Rester encore à 11 dans une pièce c’est se demander qui va péter un câble en premier. Mais tout le monde s’est retenu. Il faisait super froid et on a fait du feu. Ça fumait tellement qu’on était obligé d’ouvrir porte et fenêtres. Du coup il faisait encore plus froid et on faisait encore plus de feu. Cercle vicieux.
Tant pis pour la pluie, on est allé courir pieds nus dans la boue.
Et on a pas mal joué au tas de merde.
Occasionnellement, on a passé du temps la nuit dehors pour regarder la pleine lune. Mike nous a fait croire à des étoiles filantes. Mais c’était des avions…
Et finalement, on est parti. C’était un peu triste de quitter tout le monde.
Mais vraiment c’était génial.
Des superbes rencontres & des moments uniques.
And the Sound of Silence.