Prélude
C’était le 30 novembre.
Ça faisait plus d’un mois et demi qu’Arnaud et moi avions décidé de voyager séparément pendant un temps. Et un mois et demi aussi que j’avais rencontré Clara dans ce projet à Mendoza où on vivait à 12 dans une pièce. Arnaud n’est pas revenu et Clara est repartie à Valparaiso faire un volontariat
Je continue quand même vers le sud pour aller à Ushuaïa. La route ne se fera pas en camper van mais en bus, en stop, à pieds, à cheval ou à vélo, peu importe, l’important c’est d’avancer.
Je mesure la chance que j’ai d’être là où je suis et de faire ce que je fais.
3 décembre – le stop camion
Là je suis à Futaleufu. J’attends le bus qui va à Santa Lucia. Encore une fois, j’ai dû demander à 5 ou 6 personnes où était l’arrêt de bus pour trouver la bonne info…
Hier j’ai rencontré 2 Américains qui voyagent en kayak. Et oui, ils ont décidé de descendre l’Amérique du Sud en suivant les cours d’eau. Après avoir fait l’Amérique du nord en vélo pour l’un d’entre eux. Des warriors.
Bon bon bon, après 2h de secousses et une sérieuse envie de faire de pipi, j’arrive enfin au km 80 de la route 7, celle que je vais descendre quelques centaines de kilomètres jusqu’à Puerto Guadal.
Pour l’heure, je dois faire du stop. Objectif : le village de Puyuhuapi. Je suis complètement pas motivée. Je mange au bord de la route histoire d’évaluer la circulation. Parfait, personne ne passe à part des gens qui s’arrêtent au village. Et le chauffeur du camion qui vient me parler, oh non… Et blablabla… Je suis en mode asociale. Jusqu’à ce qu’un autre camion débarque et que le chauffeur bavard lui demande s’il va à Puyuhuapi. Il y va et il veut bien m’emmener. Youhou !! Plus que ta levée de pouce, c’est donc ton réseau de camionneurs qui compte ! Et c’est pas La Frite qui va me contredire.
Donc un camion, c’est cool. Vue panoramique, siège confortable, de la place pour les jambes et arrêts photos sont compris dans le pack. Qué bien. Après 3h passées en compagnie de Fernando et Cristobal, j’arrive à bon port.
Désillusion. Un village minuscule où j’ai vainement cherché un empenada sous un ciel nuageux et une pluie fine qui me rappelle le crachin du nord. Même pas un autre touriste dans l’hospedaje que j’ai déniché. Manana me voy… J’attends mes frites pour l’heure.
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4 et 5 décembre – days (quasi) off
Le lendemain, aussi motivée que la veille pour faire du stop, je vais à la sortie du village histoire de me faciliter la tâche. Des travaux. Il y a des travaux et les gens sont obligés d’attendre 15 plombes. Ça leur laisse bien le temps de penser s’ils veulent faire leur BA du jour ou non. Apparemment… Non !
Et puis des piétons arrivent, ils me demandent où je vais et ça tombe bien ils y vont aussi !! C’est dans une top voiture confort avec 3 italiens que je vais vers Coyhaique. L’avantage de faire du stop avec des touristes c’est qu’ils s’arrêtent à tous les spots cools sur la route. On a même failli faire une rando dans la forêt enchantée mais la pluie a eu raison de notre motivation.
Alors Coyhaique… C’est une ville avec des banques et des supermarchés et un café trop cute, le café de Mayo, qui fait un irish coffee plutôt correct.
6 décembre – journée inutile
Je décide de la jouer facile pour rejoindre Puerto Guadal en prenant le bus. 7h sur la Carretera Austral qui me rappelle davantage les pistes de la jungle qu’une belle route asphaltée. Honnêtement, on fait tout un patacaisse de cette Carretera que je n’ai pourtant pas trouvé exceptionnelle sauf à la fin en arrivant vers le lac.
Puerto Guadal… Quelle histoire ! Encore un village sans intérêt à part une mini plage et un café. La priorité c’est de trouver un lit. Je trouve enfin un hospedaje malheureusement complet et ça semble difficile de trouver autre chose… Le proprio me propose donc un matelas par terre dans un mini couloir qui donne sur une pièce avec un trou béant dans le mur. Soit, ça fera l’affaire. Mais en fait, plus le temps passe et plus je me dis que ça fera pas l’affaire. J’y retourne, je reprends mon sac, je dis que je vais trouver mieux, je reprends mon argent et je me casse !! C’est 21h. Par-fait.
Je retourne dans ce café/cabana où la patronne a essayé de me débaucher de mes vacances pour faire du volontariat chez elle. Pas de bol, les cabanas sont toutes occupées… Elle me dirige vers l’hospedaje La Lomita un peu plus loin où un vrai lit n’attendait plus que moi. Ouf.
7 décembre – j’ai raté le bus
La nuit fut courte, je me lève à l’aube pour prendre le bus qui va à Chile Chico à 7h. Pas de bol, j’ai attendu le bus au mauvais endroit, shit. Je me trouve donc un spot à stop. Ça ne faisait pas un quart d’heure que j’y étais que 3 Chiliennes et 1 Allemande débarquent pour faire du stop aussi. OMG 5 nanas sur un même spot à stop, on n’est pas prêtes de décoller !!! Heureusement, je viens d’apprendre qu’un autre bus passe vers 16h, au cas où…. Puis il fait beau donc ça passe encore.
Contre toute attente, le stop à 5, ça marche et 4 à l’arrière d’une voiture, ça passe ! Nous avons donc roulé une trentaine de kilomètres avec notre chauffeur Rodrigo. Plus que 70 kilomètres avant Chile Chico. Un heureux hasard fait que deux amis de Rodrigo vont justement jusque là-bas. Parfait, on est 5 à l’arrière. c’est ainsi qu’on se retrouve sur les genoux les unes des autres alors qu’on ne se connaissait pas une heure avant.
Le petit bonus : nos chauffeurs s’arrêtent aux miradors pour qu’on puisse admirer le paysage.
Ça y est Chile Chico est là ! Enfin une ville où je me sens plutôt bien. Je lâche Kristina, Soledad, Andréa et Julia pour me poser à l’auberge, la seule de la bourgade. Et elle est VIDE. J’entends bien que ce n’est pas la pleine saison touristique m’enfin bon… J’apprendrai en fait que la suspension des bus qui traversent la frontière a mis un certain coup au tourisme local. Et surtout ça m’emmerde bien parce que je comptais VRAIMENT sur le-dit bus pour passer moi aussi la frontière. Bref, je vais faire du stop jusque là puis je passerai la frontière à pieds puis après j’aviserai.
En attendant je ma balade, je me pose devant ce très grand lac, le 2ème plus grand d’Amérique du Sud (après le Titicaca)… Et je me renseigne pour une petite activité touristique. Mais il faut être au moins 3 et je suis grosso modo la seule touriste. Bien bien bien.
Du coup je vais dans un café. J’ai droit à un café soluble instantané. Miam.
Du coup je vais au supermarché. La caissière me rend une pièce de 10 francs. J’ai bloqué. 15 ans que j’en n’avais pas vu.
8 décembre – le jour où j’ai attendu mon bus pendant 12h
Aujourd’hui, je dois traverser la frontière en stop et aller jusqu’à Perito Moreno pour rejoindre la route 40, la très connue qui traverse l’Argentine du nord au sud. Avec ma motivation habituelle, je sors du village et commence à faire du stop. Il est plus ou moins 9h, c’est l’aube pour les Chiliens et il y a donc très peu de voitures. Trop peu en fait. Je ne suis qu’à 8km de la frontière et j’y arrive en 2 lifts. On a connu plus efficace ! Je traverse le poste frontière du Chili en 2 minutes et je me retrouve dans le nowhere. Encore une dizaine de km me séparent du poste argentin. Vu l’absence de voiture, je commence à pieds. Ah c’est joli hein mais bon je me passerai bien de cette marche. Finalement, ô joie, une voiture arrive et s’arrête. Elle propose de m’avancer d’un kilomètre. Bon c’est toujours ça de pris… Je suis plus chanceuse avec la 2ème qui a déjà 2 auto-stoppeurs à son bord et qui en plus va jusqu’à Perito Moreno (une soixantaine de km), trop cool ! Dans l’ensemble, je me dis j’ai de la chance. Pour ne rien gâcher, Nelson est vraiment sympa. C’est pas un de ces gros machos pervers Argentins. Il est prof des écoles à Chile Chico et part voir sa copine et sa famille à Coyhaique parce qu’aujourd’hui c’est férié. Honnêtement je pense que le Chili et l’Argentine battent le record de jours fériés. Ils ont tout le temps une Vierge à fêter, c’est dingue. Bref, on discute blablabli blablabla et j’arrive vers midi à Perito Moreno. Le bus part à minuit. Parfait je vais donc attendre 12h dans la cafét’ du terminal !! Entre 2/3 courses, quelques empenadas et l’arrivée de Caroline et Anne-Charlotte, ça passe plutôt vite ! Les 2 sont frangines et voyagent 4/5 mois en Amérique du Sud. Quand à 21h30 on se fait virer de la cafét’ (parce que c’est férié du coup ça ferme plus tôt !!), On reste à 3 enfermées dans le terminal de bus. Et on décide de faire des étirements, on se marre bien !
9 décembre – on the road again
Il est 8h30, cela fait donc 8h que je suis dans le bus. J’ai dormi comme un bébé. Nan je déconne… J’étais dans un bus what. On est en plein dans la pampa Argentine. C’est pas « beau » mais il y a plein d’animaux sauvages. Ça peut me suffire pour occuper les 3 dernières heures de route.
11h43, on n’est toujours pas arrivé. Je vais mourir.
12h et quelques. On y est !! Vite une douche !!
Et place à la vraie Patagonie !